Ce travail vise à relancer le débat quelque peu abandonné sur certains questionnements éthiques qui concernent la sexologie et les sexologues en France.

Les données de ce travail sont essentiellement issues des 35 années d’exercice de la sexologie de l’auteur, et des 20 années d’enseignement de la discipline ; quelques références bibliographiques illustrent certains des thèmes abordés.

Si, en théorie, il reste souvent délicat de distinguer l’éthique de la morale, en pratique c’est à propos de ce qui devrait être la norme que l’avis du sexologue est souvent sollicité. Mais est-il possible d’envisager que des normes sexuelles puissent un jour être établies ? Est-ce le rôle du sexologue de les édicter ? Est-il possible de préciser un cadre éthique pour l’exercice de la sexologie ? Est-il utile de demander aux soignants de s’engager par une adhésion à un code d’éthique ? Quels outils est-il indispensable de leur fournir pour échapper à certains pièges de la relation thérapeutique, et de ses conséquences éthiquement injustifiables ? Échapper aux risques nés d’un usage abusif du savoir ou du pouvoir sur le patient ? N’est-il pas urgent que l’enseignement donné au corps médical intègre enfin concrètement les notions élémentaires à connaître pour assurer la prise en charge des problématiques sexuelles les plus fréquentes ? Aucune de ces questions ne peut évidemment espérer une réponse simple et rapide, mais les éléments avancés de ce travail espèrent alimenter la réflexion à leur propos.

Selon l’auteur, la mise au devant de la scène des questionnements éthiques sur la sexologie est indispensable, d’une part, pour aider les sexologues dans leur exercice, d’autre part, asseoir la crédibilité de cette discipline et espérer dans les années à venir une véritable reconnaissance.

The aim of this work is to give a new voice to some past discussions about certain ethical issues concerning sexology and sexologists in France.

The data for this work come principally from the author's 35 years experience of sexology, and 20 years teaching of the discipline. A few bibliographic references illustrate some of the topics discussed.

Whilst in theory, it is often very tricky to tell the difference between ethics and morals, in practice the sexologist's opinion is frequently sought for a definition of what should be the norm. But can we imagine that one day it will be possible to establish sexual norms? And is it the sexologist's role to establish them? Is it possible to define an ethical framework within which sexology should operate? Is it helpful to ask carers to commit themselves to an ethical code? What tools should they be provided with to avoid the pitfalls of the therapeutic relationship, and its ethically unjustifiable consequences? Escaping the risks of excessive use of knowledge or power over the patient? Is it not urgent that the teaching we give our medical body should at last include the most elementary concepts of frequently encountered sexual issues for treating our patients? Of course, none of these questions can receive a simple and quick answer, but the points made in this article go some way to fuelling the debate.

In the author's opinion, it is essential that ethical issues about sexology be brought to the forefront, firstly to help sexologists to do their job properly, and secondly to consolidate the credibility of this discipline and hope, in years to come, for true recognition.